J’ai survécu à cette première fête des mères, sans mon fils

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Je pensais que ce serait plus difficile.

Je pensais aussi que je ne n’allais pas fêter la fête des mères comme je n’ai pas fêté mon anniversaire, que je serais anéantie par cette journée.

Et pour tout dire, c’était le cas !

Mais j’ai survécu, à cette fête des mères, sans « trop » souffrir.

Est-ce le conseil de ma psy, de « faire semblant d’aller mieux, pour aller mieux », que j’ai transformé en un « faire semblant, juste pour les enfants »?

Est-ce, les mots de mon mari, la veille pour son anniversaire, « on se doit de fêter les fêtes pour nos enfants » ? Quand le matin même, je lui demandais s’il voulait que l’on fasse quelque chose pour son anniversaire?

Est-ce Sami et Julie, et son livre sur la fête des mères, que mon fils Arthur m’a lu, et relu, toute la semaine? Et son « maman c’est ta fête aujourd’hui », timide, suivi d’un « je t’aime maman »au réveil.

Je ne sais pas !

Ce que je sais, c’est que je me suis « forcée à »

J’ai demandé à ce que mon mari ne m’offre rien. Je ne voulais pas de monétisation de cette journée, de cadeau estampillé « fête des mères ». Être mère, ne se marchande pas .

L’avantage de pratiquer l’instruction en famille, c’est que j’ai pu aussi, éviter le collier de pâtes, le bougeoir, le cendrier ou vide poche en terre presque pas cuite, la poésie chelou qui loue les louanges de la super maman que je suis, et la carte terminée par la maîtresse, qui aurait fini dans un tiroir …

J’ai pu me concentrer sur l’essentiel: « faire comme si ». Et c’était vraiment difficile …

Cette fête des mères était aussi synonyme des dix mois sans lui, et c’était une épreuve supplémentaire. Comme un doigt d’honneur au bonheur que je ressentais l’an dernier. Un vrai FUCK à la vie et à ma parentalité !

Je suis passée des larmes, ravalée qui brûlaient les yeux, et la gorge, a une envie de rester sous la couette et de n’en sortir que l’année prochaine. Je voulais m’enfoncer dans mon oreiller,m’envelopper de la douceur de ma couette, et ne pas souffrir. Je ne peux plus souffrir.

J’ai réalisé, une vraie prestation d’actrice, sur fond de château de cartes prêt à s’effondrer au moindre souffle de vent…

Mon mari l’a compris, il savait que d’un rien, j’allais m’effondrer, et faire de cette journée un autre souvenir d’une maman qui ne va pas bien à nos enfants. C’est lui, qui comme d’habitude à trouver une solution.

Alors ,nous avons pris la marmaille pour aller voter, et nous avons fait 300 km pour aller passer l’après midi chez ma mère, partager un moment, où « faire comme si », n’était plus si difficile, parce qu’il y avait d’autres personnes, des discussions, du bruit, et que je sortais de chez moi, de mes quatre murs, de ma prison dorée …

Je faisais plaisir à ma mère pour la fête des mères, aux enfants, et j’oubliais (presque) l’échelle de ma tristesse, qui était au maxima.

Curieusement, se concentrer sur les enfants, éviter de trop penser, faire passer cette journée difficile, aussi paisiblement que possible, était l’objectif . J’ai ri avec 3 de mes frères, parlé écologie, jardinage avec les parents de ma belle soeur, câliné Gilou, ma presque grand mère, vu mon oncle et mon cousin.

C’était dur, difficile, mais j’y suis arrivée. et le bonheur de mes enfants, leurs rires, et toutes les cerises cueillies sur l’arbre, compensaient la douleur d’un côté, et la tristesse de l’autre, de ne pas être une mère d’une famille »complète ».

J’ai survécu, même s’il manque un morceau à mon coeur, même s’il me manque à en crever, même si je rêvais qu’il soit là…

On peut s’habituer à la souffrance, vivre avec, et arriver presque à faire sans. Même si c’était une épreuve, je suis fière d’avoir fait « comme » .

Au finish, on apprend à mentir, à se mentir, et à se conditionner à faire comme si de rien n’était, pour aller mieux, comme l’a dit ma psy, pour avancer, pour continuer de vivre.

Est ce que c’est bien? NON, je ne le pense pas !

Est ce que ça fait du bien? NON, la souffrance est toujours là!

Mais j’ai survécu à cette première fête des mères sans lui …







12 commentaires
  1. Charlotte - Enfance Joyeuse dit

    J’imagine à quel point ça a été terriblement difficile… <3

    1. Céline de LittleBigMaman dit

      Difficile, mais au finish, le résultat permet à mes enfants d’avoir un bon souvenir de cette fête des mères sans Augustin.

  2. Séverine dit

    Bonjour. Je ne vous connais pas mais j’avais envie de vous laisser un mot après avoir lu votre article que j’ai découvert via Hellocoton. Je n’ai rien de spécial à dire en fait hormis que j’ai été touchée, émue et que j’avais envie de vous serrer dans mes bras pour vous permettre de pleurer et de crier… Bravo pour ce que vous avez réussi à faire, pour eux, pour lui aussi car votre fils voudrait vous voir heureuse et souriante, surtout le jour de la fête des mamans. Mais j’imagine (en fait non, je ne peux pas imaginer…) la douleur tapie derrière ce masque. Le temps jouera son rôle, il calmera la douleur et la colère même si elles seront toujours là, il les atténuera… il ressortira aussi quelque chose de cette épreuve injuste, il faut y croire, mais en attendant je vous souhaite, à vous et à toute votre petite famille, beaucoup de courage et je vous envoie toute mon admiration et mon émotion.

    1. Céline de LittleBigMaman dit

      Merci Séverine pour ce commentaire. On s’habitue à la douleur, elle est là, elle reste là, et elle va rester là longtemps…
      Le plus difficile ce sont les premières fois… et comme je le dis souvent sur mon blog, « un pas après l’autre »…

  3. Pascale dit

    Témoignage très émouvant. …
    Petdre un enfant est lebpire deuil.
    .je vous souhaite de continuer à faire semblant, pour les autres. . Et qu’au fil du temps se soit de moins en moins semblant, d arriver à apprivoiser l absence.

    1. Céline de LittleBigMaman dit

      Merci Pascale, faire semblant pour les autres, c’est un peu mon quotidien depuis juillet 2018… Mes enfants méritent que j’aille mieux. A bientôt

  4. Golden Cheer Grahams dit

    J’ai été très touchée par ton article, et ton histoire que je découvre par la même occasion. C’est la première fois que je viens mettre le bout de mon nez sur ton blog et je découvre ton témoignage incroyablement émouvant et juste dans les mots.
    Je ne pourrais que te remercier d’oser t’exprimer sur ce sujet difficile et d’incarner une voix pour toutes les autres mamans qui vivent le même deuil que le tiens. En tout cas j’avais envie de t’écrire ce commentaire, pour peut-être te donner un peu de force, un peu de courage…

    1. Céline de LittleBigMaman dit

      Oh merci pour ces mots. Oui je pense beaucoup aux moment comme moi, mais pas seulement, là je parle de mon fils, mais c’est valable pour les enfants petits ou grands qui ont perdu une maman. Le deuil est un sujet tabou et pourtant il fait parti de la vie. douce soirée.

  5. Maud dit

    Très joli témoignage. Il veille sur toi, sur vous. Je découvre ton blog grâce à Hello Coton…. Merci de poser des mots si justes.

    1. Céline de LittleBigMaman dit

      merci Maud pour ton passage, j’essaie effectivement de poser des mots sur mes maux. Malheureusement, nous sommes nombreuses à vivre le drame que j’ai vécu, et beaucoup se taisent car le deuil périnatal est un tabou… Pour ma part, je connais bien ton blog, je suis passée à plusieurs reprises…

  6. geogeo dit

    Il n’y a pas si longtemps que cela, la veille de la fête des pères, Mimi nous quittée.
    Te le sais, tu étais là, à côté de moi tenant tes frères par la main.
    Depuis, il est certain que cette fête n’a plus le même goût mais sans toi, sans tes frères, sans mamie, sans papi, il y a des très  »fortes chances » que j’aurai sombré et même coulé.
    Alors, malgré les km, je te prend la main et je te serre sur mon coeur.

    1. Céline de LittleBigMaman dit

      merci papa, pas de mot, juste un grand merci encore et toujours.Sans ma famille, il y a de fortes chances pour que je sombre. ou que je coule. Je m’accroche, je m’accroche encore et toujours … parfois c’est dur…

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