Un anniverciel du jour où je t’ai mis au monde, faute de te donner la vie

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Aujourd’hui, c’est ton anniverciel. Un mot curieux, pour « fêter », ta naissance, ou plutôt ta naissance sans vie.

Normalement, je préparerais un gâteau coloré comme pour tes frères et ta soeur. On aurait avec ton père, choisi un cadeau, un seul et beau cadeau. Ludique, qui fait du bruit, parce qu’on est un peu fous comme parents. J’aurais pu prendre une jolie photo de ta bouille pleine de gâteau, pour compléter ma collection.

Tu aurais un an. Et ce serait le bonheur parfait, complet et merveilleux.

Mais, je le disais l’an dernier déjà, sur Instagram la vie est une « pute ».

Au lieu de te donner la vie, je t’ai donné la mort.

Il n’y aura ni cadeau, ni gâteau, ni photo, ni bonheur pour cet anniverciel.

Au lieu de te fêter, je vais te pleurer.

Tout me rappelle, comment j’ai dû te mettre au monde…

Tu es arrivé mon amour, dans une boucherie sans nom. Nous avons tellement souffert toi et moi, pour que tu puisses naître sans vie.

Ce 26 juillet 2018, est placé sous le signe d’un acharnement médical, d’une voie basse que j’ai refusé, mais imposée, de médecins, de soignants qui se prenaient pour Dieu, avec des certitudes absolues, ou avec de oeillères et des muselières.

Tout ce qu’il nous est arrivé, tout ce qui m’est arrivé, rien ne s’efface, et ma colère contre eux, est toujours la même, plus grande encore, car je sais tout ce qu’ils t’ont fait, pour que tu puisses quitter mon corps. Car tout aurait pu être évité. Même ton départ …

C’est le jour de ta naissance. Ton anniverciel, tes 365 jours sans moi…

J’ai tellement rêvé de donner la vie par voie basse, mais j’ai eu 3 césariennes pour tes frères et ta soeur. J’aurais tout donné, pour sentir ce moment, où l’enfant s’engage, la tête, le corps, puis une nouvelle fois ce petit cri, que j’ai entendu pour Adam et Apolline malgré les césariennes . C’était le son le plus beau, que j’ai pu entendre de ma vie, et je regrette de ne pas l’avoir entendu pour Arthur .

Ce cri, que je n’aurais pas eu pour toi, juste un silence, un de plus…

Je suis fière de nous.

Et malgré cette voie basse imposée par un protocole de merde. Malgré la douleur du déclenchement, des contractions ultra douloureuses, au delà de toute ce que j’imaginais, et malgré une péri surdosée, inefficace. Je suis fière d’avoir senti ce moment, où tu t’engageais, quel chemin nous avions fait toi et moi. Je me souviens de m’être dit, que j’allais bientôt te sentir dans mes bras, que j’allais bientôt t’embrasser.

Je t’ai dit que je t’aimais, je t’ai remercié, car même dans les étoiles, tu m’aidais à te faire naître.

J’avais mal, si mal, toujours plus mal….

Ta tête s’est engagée, j’ai vu tes cheveux noirs, j’ai dit à ton père « comme Apolline un petit brun qui deviendra blond ». J’avais oublié un instant que ton coeur était silencieux, que tu ne deviendrais jamais « grand » et que je ne te verrais pas changer…

Puis, tout s’est enchaîné . Tout s’est accéléré. On m’a sédaté, tu es né par voie basse, qu’on m’a dit. Moi j’ai dû être charcuté…

Ils ont dû réparer leurs erreurs. Pour me sauver, ils ont dû lever mon utérus qui t’avait porté, qui avait été ta seule maison, ton cocon, et pendant deux jours ton doux cercueil au chaud.

Tu es arrivé dans une brutalité extrême !

Je n’ai pas pu te serrer dans mes bras. Je n’ai pas pu te dire mes mots d’amour, ni au revoir, comme on me l’avait promis grâce à ce protocole. Même ça, ils nous l’ont enlevé par leurs négligences.

Tu étais seul, là bas, au dépositoire, dans le noir, dans le froid, sans moi, sans mes bras, sans mes mots d’amour pour te bercer.

Ils ont dû se battre pour que je vive, pour que je sois ta mère ici bas. J’ai dû me battre pour survivre, moi qui ne voulais que te suivre.

On t’a fait naître dans la violence, faute de te mettre au monde dans la douceur. Ils ont tout sali, tout détruit, juste pour un protocole à deux balles et que tu naisses à cette date.

Je t’ai donné la mort, faute de te donner la vie.

C’est une date effroyable. Celle de ta naissance, mon enfant né sans vie, mon Augustin, mon Ange, mon Aimé.

Cette date à jamais inscrite sur notre livret de famille.

Comment fêter ton anniverciel, sans gâteau, sans cadeaux, sans photo ?

En regardant ton étoile briller, mon amour…

Celle qui me guide, qui m’accompagne, qui me parle les nuits de mélancolie. Les nuits, où je n’ai qu’une envie, te rejoindre, pour te serrer dans mes bras, te dire combien je t’aime, te dire qu’ils ont été fous, de ne pas me laisser avec toi, et de me faire vivre ici bas sans toi…

Merci à vous, vous qui êtes devenus des ami.e.s. Merci, d’avoir été là, l’an dernier, de m’avoir accompagné toute l’année. D’être encore et toujours là aujourd’hui. Vous êtes 1000 coeurs qui s’élèvent vers le ciel, avec amour, pour mon fils. Et pour cela je vous offre ma tendresse , mon amitié, et ma reconnaissance.

2 commentaires
  1. Leclerc dit

    Texte éprouvant à lire, j’espère qu un jour ils vous diront droit dans les yeux qu’ils ont eu tort même si ça ne changera rien aux drames vécu.
    On pense à vous,à lui…

    1. Céline de LittleBigMaman dit

      Je l’espère aussi. Mais j’en doute !

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