Moi aussi, j’ai des Droits …

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Aujourd’hui, c’est la journée internationale des DROITS DE L’ENFANT. C’est l’anniversaire de l’adoption de le Convention internationale des DROITS de l’enfant, adoptée en 1989, par l’Assemblée générale des Nations Unies. TRENTE ANS , pour une Convention devenue traité international qui comprend 195 pays.

Tellement d’enfants, n’ont pas la chance de pouvoir jouir de leurs Droits. Tellement d’enfants dans le froid, avec la faim au ventre, l’insécurité. Tellement d’enfants, qui vivent des quotidiens difficiles que l’on ne soupçonne pas.

Que de progrès, que d’avancées, mais aussi que d’enfants laissés sur la bas côté. La route est encore longue pour que tous les enfants soient protégés, et, aient tous les mêmes droits…

« Moi aussi, j’ai des DROITS »

C’est le titre de l’album de Soline Bourdeverre-Veyssiere, que j’ai découvert avec les enfants en Juin dernier. Un livre à feuilleter, que j’aime beaucoup, et qui me servira aujourd’hui de support dans notre instruction en famille, pour aborder les Droits de l’enfant. Parce que oui, à 7 ans, 5 ans et demi et 3 ans, mes enfants apprennent qu’eux aussi, ont des droits.

Mais le titre de l’album, est aussi une phrase , que j’ai entendu en 2005 . Alors pour rendre hommage à cette journée internationale des DROITS DE L’ENFANT, je ne vois pas meilleure façon que de raconter ce souvenir.

J’étais pionne, dans les quartiers Nord de Marseille en ZEP Sensible Violente. Des quartiers pas si différents d’où je vivais (Cité HLM Air Bel) et pas si loin niveau violence. Mais j’ai toujours eu la chance d’être protégée, d’avoir un toit sur ma tête, d’avoir une famille et d’avoir pu faire des études.

Nadia était en 4ème, elle s’occupait de son frère Omar un « petit » 6ème et avait beaucoup d’amies et d’amis.

Un jour dans les couloirs, alors qu’elle n’avait pas cours, Nadia m’a raconté son histoire . On s’est assises sur les marches qui surplombaient la cour du collège, sur les escaliers où les enfants montaient en classe. C’était un vrai moulin à parole en permanence ou en cours, mais tellement silencieuse sur elle-même en vrai. Elle parlait de tout, tout le temps. Elle papotait avec tout le monde, avec une immense gentillesse. Je la trouvais super dans ses baskets, malgré un look un peu différent de ses copines et un niveau scolaire au dessous de ce qui était demandé.

Elle parlait peu aux profs ou aux CPE, alors j’ai été surprise de sa confiance, et encore aujourd’hui, je me demande pourquoi, elle m’a choisi.

Elle m’a parlé de sa vie et de son quotidien du moment.

Elle vivait dans la voiture de son père, avec son frère sur le parking en face de chez elle. Ils avaient été mis à la porte par les parents il y avait quelques semaines. Une histoire mêlée de religion, de culture, de mariage très tôt au pays, et de sordide, qui aujourd’hui ferait un scoop dans les médias, mais qui n’était pas isolé dans le collège, et qui je pense ne l’est toujours pas… C’est son histoire, à elle, et personne ne peut juger.

C’était la fin de l’hiver, les nuits étaient encore particulièrement froides. Elle me racontait, qu’ils venaient tôt à l’école et partaient le plus tard possible pour avoir chaud parce que dans la voiture il faisait froid. Que leur seul repas de la journée, c’était celui de la cantine, mais qu’ils chipaient du pain et des fruits pour le soir pour faire leurs devoirs. Qu’une solidarité discrète s’était mise en place avec ses copines de classe, celles qui « savaient »qui l’aidaient avec le linge ou pour qu’elle se lave.

J’étais à mille lieux de penser à tout ce qu’elle vivait, tellement j’étais aveuglée par son sourire et sa joie de vivre. Mille lieu de penser qu’en 2005, des enfants pouvaient vivre comme cela, sans que personne n’intervienne pour les aider.

J’écoutais son récit, et chacun de ses mots, me faisaient souffrir. De la pitié? non, juste du dégout pour une société qui ne prenait pas soin de tous les enfants comme elle et son frère. Je serrais les dents, j’ouvrais mon coeur, et j’écoutais encore et encore.

De mes 3 ans dans ce collège, je ne l’ai jamais vu sans avoir un sourire qui faisait plisser ses yeux, et qui renvoyait tellement de bonheur. Comment faisait-elle pour ne pas sombrer, avoir peur, être exclue, ou encore s’exclure elle même de cette société ? Comment faisait-elle pour trouver la force de faire ses devoirs, d’aller en classe chaque jour ?

Je lui ai demandé comment elle faisait.

Elle m’a répondu :

« je vais à l’école pour apprendre, et être meilleure. Je vais à l’école pour mon frère, pour moi car « moi aussi, j’ai des droits ». Je vais à l’école car un jour ma vie sera meilleure.

En me disant elle balayait du bras, la cité visible derrière le collège, une grosse tour, tout en longueur. Et je pense que mentalement elle était ailleurs à cet instant précis.

A l’époque, je me souviens avoir été choquée par son raisonnement d’adulte. Et, si en colère, que je n’avais pas saisi la portée de ses mots si justes. J’étais en colère contre la société, contre l’école qui ne savait ou qui savait mais ne faisait rien, et surtout contre moi-même de ne pouvoir rien faire pour l’aider.

La sonnerie nous a dérangé et le brouhaha du couloir s’est mis à étouffer ses paroles.

Durant le reste de l’année, on a beaucoup parlé. J’ai su qu’elle était suivi et aidé. Cela restait discret, pour éviter un placement qui l’aurait séparé de son frère.

Quel bout de femme cette enfant !

Quelle histoire!

Une histoire, de celle que l’on voit dans d’autres pays, mais pas ici. Enfin c’est ce que je croyais à l’époque…

Eux aussi, ont des DROITS.

Je tiens à ce que mes enfants sachent qu’ils ont des droits.

Qu’ils sont mon égal, sans aucune hiérarchie « parent/enfant ». Que je les respecte. Que je leur donne autant mon amour, que ma confiance .

Qu’ils ont « le DROIT de vivre dans un monde sans violence, qu’elle soit verbale ou physique ». Soline Bourdeverre-Veyssiere

Et j’ai un rêve, un doux rêve, qu’en leur montrant le chemin, l’exemple souvent très imparfait et approximatif, qu’ils puissent comprendre l’importance de la fraternité, de la liberté et de l’égalité .

Le mot progrès n’aura aucun sens, tant qu’il y aura des enfants malheureux.

Albert Einstein

A Nadia et son petit frère Omar, je pense à vous encore aujourd’hui, j’espère que vous avez trouvé le chemin vers vos DROITS…

Convention des droits de l’enfant expliquée/commentée, à télécharger.

L’album de Soline « Moi aussi, j’ai des droits » aux éditions Le Hêtre Myriadis, est disponible aussi par là bas :

Et son blog, source pour moi d’apprentissages qui m’élèvent plus haut dans mon rôle de maman :

http://www.seveilleretsepanouirdemaniereraisonnee.com/

Un jeu de l’oie à imprimer pour découvrir les Droits de l’enfant sur le blog HOPTOYS ici que nous avons testé grâce à Soline. Et que je vais utiliser aussi aujourd’hui .

Chaque petit pas compte. Alors oeuvrons pour leur offrir un monde meilleur, où leurs droits seront respectés …

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