Le vélo rouge de Sélim

Le vélo rouge de Sélim

Le petit Sélim était en train de faire sa lettre au Père Noël. Bien que chez lui, le Père Noël n’éxistait pas, que le Petit Jésus n’avait pas de crèche chez lui et que sa mère ne faisait pas de sapin. Mais depuis qu’il avait entendu son copain Mathis en parler à la cantine, et dire :

 

_ « tu peux tout lui demander dans ta lettre, il va tout t’apporter »

 

Sélim imaginait le plus beau des sapins, qu’il aurait décoré avec des boules de toutes les couleurs, et même qu’il aurait placé une étoile à paillettes tout en en haut. Exactement comme l’avait raconté à la récrée d ‘hier Sophia, tellement fière d’avoir fait son sapin avant tout le monde.

 

Sélim faisait sa lettre, un peu comme s’il faisait sa prière au Prophète. Comme si le monsieur en rouge, allait le protéger , lui, sa famille, ses amis, et ses copains de l’école François Mitterand. Avant de demander, un beau sapin, aussi grand que celui de Sophia la Russe, aussi beau que celui du supermarché qu’il avait vu l’autre jour, avec des cadeaux pour sa famille, et surtout le beau vélo rouge dont il rêvait. Il pouvait même donner ses économies au Père Noël, s’il en avait besoin.

 

Depuis l’Aïd, il avait eu une belle enveloppe, et des Lego. Mais cela ne suffisait pas pour acheter le même vélo que Mathis . Depuis qu’il était venu en bas, avec le casque Flash Mc Queen, il ne rêvait que d’avoir le même.

 

Il avait espoir que le monsieur habillé du même rouge ,soit assez sympa pour pour penser à lui.

 

Il signa de sa plus belle écriture:

 

Le petit Sélim, du B23 , pas celui du G8 ni celui du foot. Juste Petit Sélim.

 

Sélim décora l’enveloppe avec les gommettes chipées, pour la bonne cause à sa soeur. Celles de la Reine des Neiges. Il pensait que cela ferait plaisir au vieux monsieur, de voir Elsa en photo et OLAF avec des paillettes. Et qu’il pourrait détruire l’enveloppe comme le faisait sa maman avec tous ses papiers.

 

Léo, son meilleur pote de la vie entière, lui avait expliqué qu’il volait avec son caddie Lidl plein de cadeau, accroché derrière des Bambi . Sélim n’avait pas compris comment Bambi pouvait tirer un caddie, dans une ville alors qu’il vivait dans une forêt. Mais il avait fait semblant d’y croire.

 

Par contre, l’histoire de la cheminée avait retenu son attention. Sélim avait demandé au maître, comment le gros monsieur passait dans le conduit de cheminée. Et surtout s’il passerait chez lui, parce qu’il n’y avait pas de poële à bois. Le maître avait répondu qu’il y avait le gros tuyau du chauffage central, et que c’est par là qu’il passerait.

 

Mathis l’avait un peu rassuré en lui disant que lui, il avait eu tous ses cadeaux, au pied de la fausse cheminée en boites de chaussures. Fabriqué avec sa mère « éssepré ».

 

Quand il eu terminé de coller son enveloppe décorée de paillettes et gommettes. Il l’a mis dans son cartable pour ne surtout pas l’oublier . Demain après l’école, il irait la glisser dans la boite jaune de la postière.

 

Sa mère l’appela pour le repas. Ce soir, on mangeait un plat du « pays » un tajine que sa mère avait fait mijoter depuis le matin ou presque. Sélim, adorait le tajine à l’abricot. Parce que c’était bon avec les abricots séchés de cet été.

 

Il était heureux d’avoir appris à écrire à l’école, avec sa maîtresse du CP l’an dernier. Sa lettre était belle et super classouille. Il était sûr d’avoir son vélo rouge bientôt, comme son « tonton »Jean Marie, le voisin, de gagner au loto tous les vendredi.

 

C’est en souriant de presque toutes ses dents, qu’il fit honneur au repas de sa mère. Et même qu’il n’a pas du tout embêté sa soeur comme à d’habitude. Juste au cas où le Monsieur en Rouge, aurait pu l’observer par le trou de l’aération de la cuisine.