Cinq petits jours, et puis s’en vole …

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Cinq jours, encore cinq jours au lieu de douze prévus, comme en a décidé le gouvernement, pour le congés après le décès d’un enfant.

Cinq jours, cinq petits jours, pour le pire des moments dans la vie d’un parent: celui de dire au revoir à son enfant.

J’ai décidé d’expliquer, pourquoi ce temps n’est pas adapté.

Cinq petits jours, et puis s’en vole…

Pourquoi, cinq jours, c’est trop peu?!

Au delà du deuil, de la perte ou même de la peine, il y a toute une organisation qui nous tombe sur la tête. Un temps défini, pour réaliser des démarches difficiles. Des démarches auxquelles on ne pense pas un jour avoir à réaliser, quand on donne la vie, ou même quand on apprend le début d’une grossesse.

On ne s’y attend pas. On est pas préparé.

La déclaration de décès.

La première étape, c’est la déclaration de décès. Une étape difficile, mais juridiquement nécessaire.

Si on a de la « chance », et que l’on est à l’hôpital, on peut avoir l’aide d’un agent de la ville qui vient « prendre » les documents faire signer quelques papiers, et qui s’occupe de cette démarche en nous rappelant quelques jours après. Ou l’on peut aller à la mairie, pour déclarer le décès, avec des jours et des heures imposées.

Autant dire, que l’on est dévasté par le chagrin, la douleur, et parfois physiquement par les pleurs. La dernière chose que l’on a envie de faire, c’est d’aller rencontrer du monde, « expliquer » le départ de cet être chéri, de cette partie de nous.

Quand, on a réussi à avoir le « malheureux » sésame, ce bout de papier, qui prend vie, en donnant la mort. Où une date et un tampon imprimé sur notre livret de famille, met fin juridiquement à la vie terrestre de notre enfant. Ou dans le cas de la mort in utero, donne à la fois une date de naissance « sans vie »et de décès.

Les pompes funèbres

Avec l’Acte de décès, on peut choisir l’entreprise qui va accompagner notre enfant . Et croyez-moi, ce n’est pas chose facile, car au final, c’est eux qui s’occuperont de la prunelle de nos yeux, et de respecter nos choix dans ces ultimes moments.

Il est parfois nécessaire d’avoir deux rendez-vous. L’un pour la prise de contact, pour le devis, et la prise en charge de l’enfant, et l’autre pour l’organisation, les choix, et la date.

Nous avons fait le choix de voir deux entreprises, et nous avons choisi ceux qui nous semblaient les plus compétents et bienveillants. J’étais hospitalisée, mon mari a dû faire ces démarches seul.

Choix du cercueil, de la couleur, des fleurs, et surtout choix d’inhumer ou d’incinérer .

Ces choix pour lesquels on aimerait avoir du temps, que ce soit pour l’enterrement ou l’après, et qui doivent être pris rapidement.

La gestion du corps au dépositoire, le transfert si on habite pas la même commune, les soins , et tant de petites choses, que nous parents, ne devrions jamais vivre. Tout doit être mis en place dans un délais court.

Cinq jours et puis s’en vole…

Notre malheureuse expérience

De la naissance de notre Augustin sans vie, à son incinération, ce n’est pas cinq jours mais treize jours qui sont passés à une grande vitesse .

C’était le délai maximal proposé par les pompes funèbres, pour que je puisse sortir de l’hôpital, pour que je puisse accompagner mon fils dans ses derniers moments sur terre, lui chanter une berceuse, et verser mes larmes sur son cercueil.

C’est aussi ce jour – là que mon mari aurait dû reprendre son travail. Par « chance » il était en vacances.

Parfois on peut bénéficier du don de jour de congés de collègues de travail. c’est un beau geste.

Alors cinq ou douze jours pour ce congé pour deuil d’un enfant, c’est si peu pour nous, parents endeuillés.

La polémique ubuesque d’un délai laissé à cinq jours, par un gouvernement, qui ne connaît l’importance des démarches, ni les délais parfois longs, pour dire au revoir à nos enfants, me mets hors de moi.

Que l’on puisse refuser un temps si nécessaire et un peu plus long que cinq petits jours, qui n’ont rien à voir avec le sens vacances du mot congé, devrait être une priorité, plein d’humanité.

Évidemment, je ne parle pas du deuil, de la douleur, de l’acceptation de la perte, mais seulement du côté terre à terre et obligatoire de démarches, que les parents ne devraient jamais connaître.

Je dis merci à Monsieur le rapporteur Guy Bricout, qui connaît malheureusement lui aussi, le deuil d’un enfant, d’avoir rappelé le parallèle entre la naissance et le mort.

« Car cinq jours suffisent à peine à accomplir les formalités et à organiser les obsèques » (…) « J’ai proposé douze jours, symboliquement, parce qu’on accorde onze jours de congé aux pères à la naissance

https://www.lepoint.fr/politique/conge-pour-deuil-d-enfants-a-qui-la-faute-03-02-2020-2361009_20.php

Alors cinq jours et puis s’en vole, c’est comme vivre en Utopie, et imaginer qu’après ce « congé », on peut reprendre sa vie professionnelle, comme si de rien n’était.

On oublie souvent combien la perte d’un enfant, c’est comme le dit si bien mon mari « prendre un mur à 200km/h ». C’est un véritable tsunami, qui nécessite du temps pour reprendre pied et retourner travailler dans une certaine normalité.

Dans notre cas, les onze jours de congés pour mon mari, pour la naissance d’Augustin n’étaient pas suffisants.

♥♥♥

Ce congé te semble-t-il suffisant?

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crédit photo : Pixabay banque d’images gratuites.

2 commentaires
  1. mamandesfauves dit

    Merci pour ses mots. Cinq jours ce juste pas possible! Je ne savais pas que cette loi existait mais c’est aberrant, Emma est née le 19 mars 2011 et enterré le 29 mars 2011 soit 10 jours plus tard. Avant tout cela il nous a fallu aller à la mairie déclarer la mort de notre enfant, voir les pompes funèbres, chez nous il n’y avait pas beaucoup de choix, choisir le cercueil, les fleurs et tout le reste, avoir l’accord de la propriétaire du tombeau familiale, faire venir ma mère, le dire a nos amis, nos familles et j’en oublie car j’étais meurtri. Je me souviens d’avoir pleuré, de ne pas pouvoir dormir parce que je pleurais, ranger tous ses affaires par colère et tristesse dans un placard et balancer le lit dans la cave avec le siège auto qui nous avait suivi à l’hôpital pour revenir vide. Choisir les premiers et derniers habits, choisirs quel choses allait l’accompagner ou non. 5 jour ce n’est pas suffisant du tout.

    1. Céline de LittleBigMaman dit

      Comme je te comprends, la mairie, les pompes funèbres, et tout le reste. Nous étions seuls, et pourtant… Mon mari a vidé la chambre donc, je n’ai pas eu à le faire. Mais j’ai encore tellement …5 JOURS ce n’est pas suffisant…

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