Au revoir Juillet: bilan de deux ans post deuil périnatal.

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Et voilà, le mois de juillet s’en est allé, je peux enfin respirer.

Depuis le premier juillet, j’étais en apnée, sous l’eau. J’attendais le bon moment pour remonter à la surface et respirer enfin. Celui où je ne me lèverais pas pour pleurer au milieu de la nuit, où les larmes ne couleraient pas dans la journée. Où mon coeur ne battrait pas dans la douleur.

Ce moment où juillet serait du passé, pour avancer vers une année. Une sorte de jour de l’an avec des promesses, de l’espoir et l’envie de faire mieux pour l’année qui vient.

Deux ans

Il y a deux ans, je mettais au monde mon fils, pour l’envoyer dans les étoiles, et ne plus jamais le revoir. Je racontais ici comment.

Il m’a fallu une année entière pour commencer à aller mieux physiquement. Sa naissance, sa boucherie, m’a tellement secouée physiquement qu’une année n’a pas suffit. J’ai alterné hospitalisations et examens et ce n’est pas fini.

Il m’a fallu une année encore en plus pour lever la tête, marcher droit, et commencer à avancer. Juste sortir du gouffre béant qui m’enfermait dans le néant d’une dépression post partum sans nourrisson, post mort in utero, ou encore post violences obstétricales. Le deuil périnatal c’est long et douloureux, surtout quand il n’y a pas de bébé en arc-en-ciel après. Il faut accepter l’inacceptable : la fin de toute vie en soi.

Il y a un an, j’écrivais cela…

Un bilan?

Évidemment, rien n’est gagné, tout est en continuer, et c’est le plus difficile à comprendre, à accepter. Moi qui aime aller vite, je suis sur un autre rythme.

Rien n’est achevé :

Ni la procédure contre l‘hôpital Pellegrin de Bordeaux n’est terminée, tout juste amorcée. Et je procrastine en fuyant très loin, toute bagarre ou duel juridique, où ma personne devra être expertisée. Le simple fait de me mettre nue et à nu devant un inconnu me terrifie. Ils sont et resteront sur des positions tellement basses, faisant fi de tout serment d’Hippocrate. Mais je continuerais ce combat, parce que c’est aussi et surtout celui de mon fils mort, à cause d’un médecin trop pressé de partir en vacances .

Rien n’avance …

Ni l’écriture de mon livre, écrit à pas de tortue, parce que chaque lettre, chaque mot, chaque paragraphe et chapitre, sortent de mes tripes et de la douleur immense morale et physique de ces jours maudits.

Ni ma foi et ma confiance en la médecine ne sont revenues ce qui me m’a mis en danger (de mort à deux reprises), à plusieurs reprises ces deux dernières années. Soigner mon diabète est un combat de chaque instant. J’annule tous les rendez vous avec les urologues, néphrologues ou même gynécologue. Je me sens comme une femme violée, mutilée, et personne ne peut me toucher. Les crises de paniques sont récurrentes, et j’annule tout en perdant du temps pour des soins essentiels voir vitaux…

J’ai changé de psy , alternant psychologue et psychiatre, sans pouvoir arriver à trouver la bonne personne qui pourra écouter et m’aider à avancer. Blouse blanche ou psychologie me hérissent le poil. Les médocs alias « pilule du bonheur » ont été pour moi, de vrais appels au suicide, avec bad trip, cauchemars, insomnies avec 1, 2 ou 3 cachetons pour dormir. C’était l’enfer .Tellement dangereux et tentant, qu’ils ont dû rester sous clés avec mon insuline (et oui aussi), sous surveillance de mon cher et tendre. Il m’a fallu prendre la décision d’arrêter pour ne pas m’en aller rejoindre Augustin, ou pour ne pas qu’IL s’en aille avec les enfants épuisés de devoir veiller sur moi, h24 …

Alors côté psycho, je ne vais pas bien, mais je me soigne avec l’amour des miens, et la force qu’ils me transmettent.

Un pas après l’autre. C’est le leitmotiv qui me tient pour avancer. Demain est un autre jour c’est celui qui m’aide à avancer.

Et demain ?

Dans l’avenir, j’ai un doux rêve, celui de redevenir la femme, la mère, l’amie que j’étais. Mais ce rêve, ne restera qu’un rêve. J’ai ce regard sombre sur la vie, de ceux qui ont connu l’enfer. Il ne me quitte pas, il noircit ma vie comme une toile de Pierre Soulages. Parfois, je l’entrevois, mais elle part aussitôt au détour d’un rendez vous médical, ou même d’un simple regard sur le soleil qui se couche.

Demain, je souhaite reprendre ma vie en main. Peut être reprendre ma fac, et terminer le diplôme que je préparais en 2017/2018. Reprendre un boulot, pas forcément celui que je faisais, avant car faire du social, quand on ne va pas bien, c’est aller tout droit dans un mur. Ils m’ont pris cela aussi…

Peut être aller au bout de ce que j’ai envie de faire, parce que cela m’a aidé, comme le yoga, ou l’art thérapie .

Mais en vrai, je sais que demain est incertain, fluctué de hauts et de bas, parfois terrifiants, alors je ne me projette pas loin. Juste là, dans quinze jours avec nos vacances en famille , ou par là avec la « no rentrée » en instruction en famille. Mais pas plus loin…

Ce que je sais, c’est que je vais continuer à avancer un pas après l’autre. Main dans la main avec mon mari, qui ne m’a jamais lâché, en essayant de m’améliorer pour redevenir une mère « normale ». Je vais continuer à sourire, même si ce sourire est factice, même s’il cache la réalité de mon âme brisée. Je vais continuer à avancer, parce que demain est un autre jour.

Vivre sans lui, vivre pour lui.

Bienvenue Août, qui marque pour moi, le début d’une nouvelle année, où vivre sans lui est une réalité et vivre pour lui une nécessité.

3 commentaires
  1. Aurélie Créa dit

    Je ne sais quoi dire… Mais je ne veux pas rester silencieuse.
    Je ne peux qu’imaginer à quel point tout devient éprouvant, incertain.
    Je n’ai vécu « qu’une fausse couche tardive » et un nombre incalculable d’autre. Rien que ça, j’ai mis des années à m’en « remettre ».
    Alors je ne peux qu’imaginer, compatir et t’envoyer toute la force et tout le soutien que je peux.
    Je t’embrasse fort

    1. Céline de LittleBigMaman dit

      Je ne sais pas si on se remet aussi de fausses couches . J ai toujours dans le coeur le 6 novembre 2006 … chaque douleur est différente et on ne peut comparer . Je pense qu on peut vivre avec mais jamais s en remettre . Je te remercie de ton commentaire doux dimanche ❤️❤️❤️

  2. Liliwed dit

    Bonjour, je ne sais pas si cette réponse pourra aider, mais pour la consolidation du dossier pensez au stress post traumatique. Il est très fréquent avec des violences obstétricales. La confiance est abîmée et l’évitement courant (pour se protéger du danger), les nuits pourries, les souvenirs et émotions très présents, vifs, et la culpabilité tellement forte… Regardez s’il y a un centre de psycho trauma à Bordeaux, peut être cela sera t-il plus adapté que ce que l’on vous a proposé jusque là. Ayant fait 3 fausses couches après un accouchement (tres) violent (avec séquelles physiques et psy), avoir un diagnostic et comprendre ce que l’on ressent aide et allège un peu, pour pouvoir mieux avancer. Mes meilleures pensées pour vous

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